Jessica Ernst, propriétaire terrienne en Alberta et consultante indépendante pour l'industrie pétrolière et gazière dit que l'information appropriée sur les produits chimiques et leurs impacts sur la santé humaine et l'environnement n'est pas révélée au gouvernment, aux régulateurs ni au public. Photo courtoisie Colin Smith
Ma traduction libre d'un reportage de Meagan Wohlberg
Le permis de prélèvement d'eau accordé à ConocoPhillips pour que la compagnie puisse effectuer sa première activité de fracturation hydraulique horizontale dans les Territoires du Nord-Ouest comporte un vide légal qui pourrait provoquer de l'inquiétude de la part du public, des premiers répondants et des travailleurs de l'industrie, selon des critiques.
La licence donnée en juin par le Sahtu Land and Water Board (SLWB), exige de la compagnie qu'elle révèle tous les produits chimiques utilisés durant la fracturation hydraulique dans deux puits exploratoires situés au sud de Norman Wells, avec l’exception des produits chimiques qualifiés comme étant des "secrets commerciaux."
Selon la licence, la compagnie doit soumettre le nom de chaque ingrédient chimique sur la liste indiquée sur la fiche signalétique (MSDS) de chaque additif, avec le numéro d'enregistrement de chaque ingrédient chimique sous le Chemical Abstracts Service (CAS), le tout remis au comité land and water board en dedans de 30 jours de chaque fracturation hydraulique.
Mais quand la compagnie considère que "l'identité spécifique d'un ingrédient chimique" est un droit de propriété, "une identification plus générale est utilisée en tenant compte du MSDS," mentionnent les conditions de la licence.
Selon Jessica Ernst, qui est une consultante (indépendante) de l'industrie pétrolière et gazière et propriétaire terrienne en Alberta, présentement en litige contre Encana pour la pollution de l'eau de sa communauté qui aurait été causée par la fracturation, la liste incomplète des produits chimiques soumise aux régulateurs, au public et aux premiers répondants met l'environnement et la sécurité publique sérieusement en danger.
"Si la fracturation hydraulique prend de l'ampleur, et nous avons des milliers de puits en Alberta, pour ce qui est des premiers répondants, comment préparer les gens impliqués dans les urgences dans les hôpitaux et les stations de pompiers, les ambulanciers, etc., si ils ne connaissent pas les risques potentiels auxquels ils pourraient avoir à faire face?" dit-elle. "Les travailleurs, pourquoi est-ce que les employés devraient être exposés à des produits chimiques qui pourraient nuire à leur santé si ils ne le savent pas?"
Il y a un précédent aux préoccupations de Mme Ernst. En 2008, une infirmière d'une salle d'urgence au Colorado, Cathy Behr, a frisé la mort après avoir été exposée à un "produit chimique de fracturation mystérieux" dont était couvert son patient. Elle a perdu son sens de l'odorat et a passé 30 heures aux soins intensifs après que ses organes internes ont cessé de fonctionner.
Bien que la compagnie ait fournit les fiches signalétiques aux médecins de Behr au moment de l'incident, elle a refusé de fournir davantage d'information spécifique une fois qu'elle soit tombée malade, selon les communiqués de presse, obligeant ses médecins à deviner ce qu'ils devaient faire pour la garder en vie.
Plus récemment, des premiers répondants du déraillement et des explosions qui ont eu lieu à Lac-Mégantic, au Québec, n'ont pas été avisé que le pétrole dans les wagons était du pétrole extrait par fracturations du schiste de Bakken qui contiendrait des additifs chimiques. Ce pétrole est maintenant au fond de l'eau dans la rivière tout près, rendant le nettoyage plus difficile.
Les lacunes légales de transparence des produits chimiques des fracturations hydrauliques dans Sahtu serait un danger pour la santé et la sécurité selon Mme Ernst
"Comment se protéger adéquatement quand on combat un feu ou nettoyons un déversement durant une urgence quand on ne connaît pas les produits chimiques qui sont dans les citernes?" demande Mme Ernst. "Sans compter le risque que courent les gens qui vivent à côté d'un tel site et qui en respirent les toxines."
Ernst dit que les travailleurs et les premiers répondants dans le Nord ont encore plus à perdre quand le temps de réaction et de voyagement est pris en ligne de compte pour le transport impliquant les urgences.
"Vous êtes isolés là-bas dans les Territoires, alors qu'arrive-t-il si un travailleur est recouvert d'une sauce toxique secrète et entre dans une salle d'urgence, et personne ne peut prévenir le personnel de l'urgence pour qu'il se protège adéquatement? Ils ne savent pas quel sorte de respirateur utiliser, s'il devrait le mettre en isolement, si d'autres patients sont à risque par les produits chimiques toxiques qui sont introduits dans l'hôpital," dit-elle. "Vos communautés sont isolées les unes des autrs, ce qui empire les choses parce qu'une personne qui est exposée pourrait devoir voyager plus loin et être exposé plus longtemps avant d'arriver à un hôpital."
Le comité est présenté avec des fiches signalétiques pour les additifs
La fracturation hydraulique, un procédé pétrolier et gazier controversé et non conventionnel pour forer, injecte de l'eau auquel sont ajoutés des produits chimiques et du sable sous haute pression sous terre pour fracturer hydrauliquement, ou "fracturer" la formation de schiste, ce qui fait relâcher le pétrole qui ressort du puits.
La solution liquide qui reste des eaux usées toxiques est soit injectée sous terre dans des citernes de stockage, ou comme le prévoit ConocoPhillips, transportée par camion vers un site d'entreposage.
Les produits chimiques ajoutés peuvent inclure une variété de solvants, d'agents gélifiants, des agents pour réduire la friction, des anti-émulsifiants, entre autres, souvent dans la liste sous le nom du produit ou la marque de commerce ou selon à quoi ils servent.
Par exemple, la liste de produits chimiques et leurs fiches signalétiques présentées par ConocoPhillips auprès du SLWB inclut un "surfactant", un "breaker," un "agent pour réduire la friction" et "X-CIDE™ 207 Industrial Microbiocide (un biocide)," pour en nommer quelques-uns.
Paul Dixon, directeur exécutif de SLWB, dit que le comité reçoit son information des compagnies de 3 façons: premièrement, une liste de tous les produits chimiques potentiels, ensuite une évaluation de risque de ces produits chimiques (pour savoir s'il existe des alternatives moins toxiques disponibles) et finalement, une description de ce qui a été utilisé après chaque fracturation hydraulique.
"Finalement, il y a quelques compagnies en compétition qui vendent ces produits chimiques de fracturations, et nous recevons les descriptions dans les fiches signalétiques chimiques. Alors cela nous donne la liste des matériaux trouvés dans chacun des fluides de fracturations et où ces fluides de fracturations sont habituellement utilisés," dit Dixon.
"Ils nous disent ce qu'ils sont, mais quand ils nous donnent la liste de ce qu'ils ont utilisés pour cette fracturation en particulier, les mélanges exacts ne sont pas donnés. Ils nous donnent la fiche signalétique, qui donne la liste de tous les produits chimiques utilisés là, mais le 0,1% ou le 0,2% ou autre de ce composé ou de cet autre composé ne sont pas identifiés."
Dixon admet que les fiches signalétiques peuvent être "un peu vagues", mais donnent quand même la liste de noms des produits.
"Ils n'omettront pas un produit chimique, mais certaines fiches signalétiques sont un peu plus rafinnées que d'autres," dit-il.
Les fiches signalétiques sont une très bonne escroquerie dit Mme Ernst
Selon Mme Ernst, l'information dans ces fiches signalétiques pour les fluides de fracturations hydrauliques sont incomplètes, avec certaines parties de la solution complètement manquantes.
Par exemple, les ingrédients du X-CIDE ne comptent que pour 92% du fluide quand on utilise la quantité maximum de chaque additif (si on garde les niveaux au minimum, 38% du microbiocide est manquant). Pour l'ingrédient "Non-Emulsifying Agent W54", un additif qui contient de la naphtalène, un destructeur des cellules rouge du sang, et qui ne peut pas être rendu non toxique, 4 des 6 composantes sont sur la liste comme étant "marque déposée" sans numéro de CAS.
Mme Ernst dit qu'une partie du problème est le vague légal qui permet des "secrets commerciaux", mais dit que le problème est à voir avec les fiches signalétiques en général, qu'elle qualifie "d'escroquerie très efficace." En plus de préserver les secrets commerciaux en mettant sur la liste le nom générique d'un produit comme étant un "corrosif" comme étant le nom du produit chimique lui-même, les fiches omettent ce qui pourrait être de 3 à 500 ingrédients nuisible dans le contenu, selon elle.
"Le comité dit qu'il reçoit un numéro et un nom et ils pensent qu'ils ont le nom du produit chimique," dit-elle. "Mais quelle quantité de benzine se trouve dans chacun de ces produits? Quelle quantité de toluène, car c'est une neurotoxine reconnu pour endommager le cerveau, surtout chez les enfants? ... Quels sont les acides qu'ils injectent?"
Les sites en ligne de divulgation comme fracfocus.com rendus obligatoires récemment en Alberta, omettent eux aussi de l'information spécifique sur des ingrédients chimiques. Une liste de fluides de fracturations sur le site Web d'un exemple de puits en Alberta ne donne pas d'information sur 3 des additifs; des 4 autres, seulement les noms de marques sont données, sans liste d'ingrédients.
La liste complète de produits chimiques est inconnue au Canada
Une évaluation faite sur la fracturation hydraulique par Scott Vaughan, un ancien commissaire fédéral à l'environnement, en février, a confirmé que le gouvernement manquait de connaissances sur les produits chimiques utilisés.
"Environnement Canada et Santé Canada nous ont dit que bien qu'il y a une liste partielle de substances possiblement utilisées dans les fracturations hydrauliques ait été développée, une liste complète de substances utilisées au Canada est inconnue," écrit-il, en ajoutant:
"Environnement Canada nous a informé que cela prend environ 3 ans pour établir des mesures de contrôle... Environnement Canada et Santé Canada nous ont dit qu'ils travaillent encore à mieux comprendre les substances contenues dans les fluides de fracturations hydrauliques et les dangers associés avec le processus de fracturation hydraulique."
Mme Ernst dit que les agences régulatrices et le gouvernement se font "berner" quand ils pensent qu'ils ont l'information qu'ils ont besoin pour garder les gens en sécurité et protéger l'environnement, et devraient user des pouvoirs qu'ils ont reçus grâce à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement pour obliger la divulgation complète des produits chimiques, ou empêcher l'usage de produits chimiques utilisés tant que les impacts sur la santé ne sont pas étudiés.
"Les gens ont le droit de savoir, pour qu'ils puissent faire un choix informé, équilibré et raisonnable à savoir s'ils veulent ou ne veulent pas laisser cette industrie dans leur territoire, ou penser à une meilleure façon de faire de l'énergie," dit-elle.
"Si les gens dans les Territoire savaient que ces déchets contiennent tel ou tel produit chimique et étaient radioactifs, peut-être, et avaient certaines concentrations de cancérigènes, de neurotoxines, mais que le produit chimique mortel identifié, je crois que partout où les communautés le sauraient, elles refuseraient de le permettre."
Je ne crois pas que ce soit une question de secrets commerciaux."
"NWT fracking water license allows for company to keep "trade secrets"
Under photo: Alberta landowner and oil patch consultant Jessica Ernst says proper information on fracking chemicals and their impacts on human health and the environment is not being disclosed to the government, regulators or the public.
by Meagan Wohlberg
The water license recently issued to ConocoPhillips for the first horizontal fracking activity in the Northwest Territories contains a legal loophole that should be cause of serious concern for the public, emergency responders and oilfield workers, according to critics.
The license, awarded by the Sahtu Land and Water Board (SLWB) in June, requires the company to disclose all chemicals used while fracking with two exploratory wells south of Norman Wells, with the exception of those chemicals deemed to be “trade secrets.”
Under the license, the company must submit the name of each chemical ingredient listed on the material safety data sheet (MSDS) for each additive, along with the Chemical Abstracts Service (CAS) registry number from each chemical ingredient, to the land and water board within 30 days after each frac.
But where the company considers the “specific identity of a chemical ingredient” to be a proprietary right, “a more general identification is to be used consistent with the MSDS,” the conditions of the license state.
According to Jessica Ernst, an oil patch consultant and landowner from Alberta currently engaged in legal action against Encana for allegedly polluting her community’s water through fracking, the incomplete list of chemicals being supplied to regulators, the public and emergency responders is putting the environment and human safety at serious risk.
“If fracking starts to ramp up – and we have thousands of wells in Alberta – in terms of the first responders, how do you prepare your emergency people in hospitals and fire halls, medics, etc, if they don’t know the potential risks they may be facing?” she said. “The workers – why should the workers be exposed to chemicals that might be harming their health if they don’t know?”
There is precedence for Ernst’s concerns. In 2008, an emergency room nurse in Colorado, Cathy Behr, nearly died after being exposed to a “mystery frac chemical” a patient was doused in. She lost her sense of smell and spent 30 hours in intensive care after her organs began shutting down.
Although the company provided MSDS sheets to Behr’s doctors at the time of the incident, it refused to provide them with more specific information once she fell ill, according to news reports, meaning her doctor had to guess what to do to keep her alive.
More recently, responders to the train derailment and explosions that took place in Lac Mégantic, Que. were not told the oil in the tankers was fracked from the Bakken shale play containing chemical additives. That oil has now sunk to the bottom of the adjacent river, challenging cleanup efforts.
Chemical disclosure loophole for fracking in Sahtu creates health and safety hazard: critic
“How can they properly protect themselves when they fight a fire or deal with a spill at an emergency if they don’t know what chemicals are in those tanks?” Ernst asked. “Never mind the people who live beside the site and are breathing the toxins.”
Ernst said workers and emergency responders in the North have more to lose when response and travel time is taken into consideration for emergency transportation.
“You’re isolated up there in the Territories, so what if a worker is doused in toxic secret sauce and comes into emergency and nobody can warn any of the emergency staff how to protect themselves? They don’t know what kind of respirators to wear, whether to put him into isolation, whether other patients will be at risk from him dripping toxic chemicals into a hospital,” she said. “You have communities far apart, which makes it worse because a person who might be exposed would have to travel further and be exposed longer to get to a hospital.”
Board given MSDS sheets for additives
Fracking, a controversial and unconventional oil and gas drilling process, injects chemically altered water and sand at high speeds underground to hydraulically fracture, or “frac,” the shale bed, releasing petroleum which is then pushed up through a well.
The leftover solution of toxic wastewater is either injected into underground storage tanks or, as ConocoPhillips plans, is hauled by truck to a dump site.
The chemicals added to the mix include a range of solvents, gelling agents, friction-reducing agents and non-emulsifiers, among others, often listed by product or brand name or based on their purpose.
For example, the list of chemicals and their MSDS sheets submitted by ConocoPhillips to the SLWB includes a “surfactant,” “breaker,” “water-friction reducing agent” and “X-CIDE™ 207 Industrial Microbiocide,” to name a few.
SLWB executive director Paul Dixon said the board gets information from companies in three ways: first, a list of all potential chemicals, then a risk assessment for those chemicals (to identify if there are less toxic alternatives available) and finally a breakdown of what was used after each frac.
“Basically, there’s a couple different competing companies that run these fracking chemicals, and we get the breakdowns in the chemical MSDS sheets. So that gives us the materials found within each one of those frac fluids and where the frac fluids are commonly used,” Dixon said.
“They disclose what they are, but then when they give us the list for what they used for that specific frac, the exact combinations aren’t given. They’ll give us the MSDS sheet – it will be all the chemicals within there, but the 0.1 or 0.2 per cent or whatever of this component or that component won’t be identified.”
Dixon admitted that MSDS sheets can be “a little bit vague,” but still list the names of the products.
“They’re not going to leave out a chemical, but some MSDS sheets are a little bit more well-refined than others,” he said.
MSDS sheets ‘a very good con’: Ernst
According to Ernst, information contained on these frac fluids’ MSDS sheets is incomplete, with some parts of the solution missing altogether.
For example, X-CIDE’s ingredients only add up to 92 per cent of the fluid when using the max quantity of each additive (if keeping levels to the minimum, 38 per cent of the microbiocide is missing). For “Non-Emulsifying Agent W54” – an additive that contains naphthalene, a red blood cell destroyer, and which “cannot be made non-toxic” – four of the six components are listed as “proprietary” without CAS numbers disclosed.
Ernst said part of the problem is the “trade secrets” loophole, but said the issue has to do with the MSDS sheets in general, which she called a “very good con.” Besides keeping trade secrets secret, by listing a generic product name like “corrosive” as the chemical itself, the sheets leave out what could be three to 500 harmful ingredients contained within, she said.
“They (the board) are getting a number and a name and they think they’re getting a chemical,” she said. “But how much benzine is in each of those products? How much toluene – it’s a known neurotoxin that damages the brain, especially in children?…What acids are they injecting?”
Online disclosure sites like fracfocus.com, recently made mandatory in Alberta, also leave out specific information on chemical ingredients. A list of frac fluids on the website from one example well in Alberta gave no information on three of the additives; for the other four, only brand names were given, with no list of ingredients.
Complete list of chemicals unknown in Canada
An assessment done by former federal environment commissioner Scott Vaughan on fracking in February confirmed the lack of government knowledge on the chemicals being used.
“Environment Canada and Health Canada told us that while a partial list of substances that are likely to be used in hydraulic fracturing has been developed, a complete list of substances used in Canada is not known,” he wrote, adding:
“Environment Canada informed us that it takes about three years to establish control measures…Environment Canada and Health Canada told us that they are still working toward gaining a better understanding of the substances contained in hydraulic fracturing fluid and the risks associated with the hydraulic fracturing process.”
Ernst said regulatory boards and government are being “conned” into thinking they have the information needed to keep people safe and protect the environment, and should use the power given to them through the Canadian Environmental Protection Act to enforce full disclosure of chemicals, or prevent chemicals from being used until their health effects are studied.
“People have the right to know so they can make an informed, balanced, reasonable choice on whether or not they want to let this industry into their territory, or think of a better way to make energy,” she said.
“If people in the Territories knew that these wastes contained such and such chemicals and were radioactive, perhaps, had a certain concentration of carcinogens, neurotoxins, but the specific deadly chemical identified, I would expect communities anywhere who knew this would refuse to allow it.
“I don’t believe it’s at all about trade secrets.”"
Link: http://norj.ca/2013/08/nwt-fracking-water-license-allows-for-company-to-keep-trade-secrets/
Photo: Michael Chritton, Akron Beacon Journal
No comments:
Post a Comment