Photo: Ward Perrin
L'ingénieur de Cornell conteste l'affirmation de Coleman qui dit que la C.-B. n'a pas de fuites.
Ma traduction libre d'un reportage d'Andrew Nikiforuk publié dans le quotidien indépendant The Tyee.
L'un des plus importants experts en Amérique du Nord sur l'intégrité des puits pétroliers et les mécaniques de la fracturation hydraulique dit que les récents commentaires fait par Rich Coleman, le ministre de la Colombie-Britannique en développement de gaz naturel, font non seulement preuve d'ignorance mais de déconnexion avec la réalité.
Au mois de mai, Coleman avait dit au Vancouver Sun que les puits pétroliers et gaziers en Colombie-Britannique n'avaient pas de fuites. Il a aussi laissé comprendre que les scientifiques qui affirmaient le contraire le faisaient pour recevoir plus de financement pour faire des études inutiles.
"En réalité, nous le faisons depuis plus de 50 ans, nous n'avons jamais eu de contamination à cause d'un forage, nous n'avons jamais eu un coffrage qui fuyait ou qui a fait défaut. Nous le faisons aussi bien ou mieux que n'importe qui d'autre au monde," s'objecte Coleman.
Le vice-Premier ministre a fait ce commentaire en réaction à un rapport scientifique qui fait la recommandation d'une approche précautionneuse quand il s'agit de fracturer des ressources non conventionnelles dans le schiste à cause d'importantes lacunes dans la science, les trous de puits qui fuient et une responsabilité croissante envers le climat.
"Les affirmations du ministre sont ignorantes," dit Anthony Ingraffea, un professeur ingénieur de l'université Cornell et l'auteur d'une nouvelle étude sur les puits pétroliers et gaziers qui fuient en Pennsylvanie.
"Le ministre ne comprend pas la vulnérabilité de la technologie, ni l'historique de l'industrie et ses tentatives vaillantes et persistantes de résoudre les problèmes d'intégrité des puits," ajoute Ingraffea.
"Des puits qui fuient sont partout. Peu importe si les puit se trouvent en C.-B. ou en Pennsylvanie."
Le processus de forer et cimenter un puit est essentiellement le même partout au monde, dit-il, et "c'est très difficile de sceller un puits avec un matériau comme du ciment."
Selon un rapport de 3 ingénieurs de l'université de Waterloo, plus de 10% des 20,000 puits qui existent en C.-B., en production et abandonnés, fuient actuellement. De plus, certains des puits de gaz de schiste de la province sont devenus des "super émetteurs" de méthane.
Une compagnie énergétique a dépensé dernièrement $8 millions dans la partie nord de la C.-B. pour réparer un puits de gaz de schiste qui fuyait beaucoup.
"Les fuites de trous de puits vont probablement empirer au fil du temps pendant que de nouveaux puits sont complétés et les vieux puits sont abandonnés," prévient le rapport de Waterloo.
Depuis les 2 dernières années, Karlis Muehlenbachs, un géo-chimiste de l'université de l'Alberta, a fait les empreintes de gaz de centaines de puits de gaz de schiste en C.-B. Il dit que plusieurs des gaz en déplacement, dont le méthane, l'éthane et le propane, des puits de Horn River, ne venaient pas nécessairement de la région en production.
L'expert en migration de gaz arrivait à la conclusion dans sa présentation de 2013 que "à l'avenir, les règlements et les sondages de niveau de référence devraient anticiper que des contaminants potentiels de l'eau souterraine à cause de la fracturation hydraulique ne viendraient pas nécessairement des schistes visés, mais plutôt de gisements moins profonds et intermédiaires."
Certaines régions sont plus portées à avoir des fuites, "mais aucune région n'en est immunisée," dit Muehlenbachs. "De bien meilleurs ciments et des techniques pour sceller devront être développés et utilisés."
"Chronique et omniprésent"
Des puits qui fuient sont "un problème chronique et omniprésent qui afflige l'industrie depuis 100 ans," dit Ingraffea pendant une entrevue avec le Tyee.
Les coffrages d'acier se corrodent et les joints de ciment qui sont conçus pour empêcher le méthane de remonter dans le puits pour se retrouver dans l'eau souterraine se dégradent au fil du temps.
Il en résulte que le gaz peut migrer des puits qui fuient en voyageant dans des fractures naturelles sur une longueur qui peut aller jusqu'à 14 kilomètres sous terre avant de faire surface dans des sous-sols, des puits d'eau potable, des mares, des rivières et dans l'eau souterraine.
L'étude la plus récente d'Ingraffea a trouvé d'importants problèmes de fuite dans 41,000 puits forés entre 2000 et 2013 en Pennsylvanie.
En faisant l'analyse de 70,000 rapports de conformité, Ingraffea a conclu que les puits de gaz de schiste non conventionnel fuient jusqu'à 6,2%. Dans certaines parties de l'état, les taux d'infractions (des cas de fuites visibles confirmées de gaz sur un site de puits) atteignaient 9,8%.
Les modèles de hazard suggèrent que le taux actuel de défaillance pourrait atteindre 12% des 6,000 puits de gaz de schiste horizontaux à plusieurs étapes dans l'état.
Les puits verticaux conventionnels ne fuyaient pas autant mais n'étaient pas inspectés aussi souvent. Dans certains cas, il n'y a pas eu de registres d'inspection du tout pour 8,000 puits conventionnels, dit Ingraffea.
L'étude a aussi découvert un taux de défaillance plus élevé pour les puits forés après 2009, peut-être à cause des programmes de forages accélérés.
Des opérations pétrolières et gazières ont pollué ou réduit l'écoulement de l'eau souterraine 209 fois dans 77 communautés en Pennsylvanie depuis la fin de 2007.
La semaine dernière, le vérificateur général de l'état avait rapporté que le DEP avait manqué à son devoir de règlementer adéquatement l'industrie et défendre l'intérêt public.
Plus de puits = plus de fuites de méthane
La fracturation hydraulique, une technologie qui injecte des fluides, de l'eau et des produits chimiques dans des formations géologiques de roc dense (tight rock) afin de relâcher de petites quantités de pétrole et de gaz dans de vastes régions, aggrave le problème de fuites, dit Ingraffea.
Seulement 6,000 puits horizontaux ont été forés en Pennsylvanie jusqu'à date, mais l'industrie planifie le forage de 90,000 puits additionnels durant les prochaines années. Vu que l'immense formation de schiste du Marcellus se trouve sous plusieurs autres états du nord-est, jusqu'à 500,000 puits horizontaux pourraient être forés dans le futur.
Des quantités semblables ont été mentionnées pour la formation Montney au Canada, en Alberta et en C.-B., où l'industrie pourrait forer encore 400,000 puits.
La densité de puits nécessaire pour fracturer, qui réussit à extraire qu'entre 5% et 10% de la ressource présente, ajoutera au problème déjà important des fuites de méthane de l'industrie, selon Ingraffea.
L'ingénieur de Cornell University, qui faisait de la recherche subventionnée et était consultant pour Schlumberger, Exxon, BP et d'autres compagnies, préfère de la règlementation rigoureuse de l'industrie du fracking là où les puits pétroliers et gaziers existent déjà.
L'augmentation de la densité des puits ne veut pas seulement dire davantage de fuites mais aussi plus d'accidents industriels durant lesquels les compagnies fracturent dans des puits avoisinants opérés par d'autres compagnies. Plus de 20 soi-disant "évènements de communication entre puits" se sont produits en C.-B., mais la plupart ne sont pas rapportés au régulateur.
Vu l'abondante littérature sur les fuites de puits, Ingraffea ne comprends pas pourquoi les politiciens comme Coleman nie une telle responsabilité si bien documentée.
"Ce qui me surprend c'est qu'un politicien tente de convaincre le public du contraire."
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Gas Minister's Leaky Well Comments 'Ignorant,' Scientist Says
Cornell engineer takes issue with Coleman's claim that BC is leak-free.
By Andrew Nikiforuk, published in TheTyee.ca
One of North America's top experts on well oil integrity and the mechanics of hydraulic fracturing says recent comments by Rich Coleman, British Columbia's minister of natural gas development, are not only ignorant but delusional.
In May, Coleman told the Vancouver Sun that oil and gas wells in British Columbia don't leak. He also hinted that scientists who made such statements just wanted more money for unnecessary studies.
"The reality is we've been doing this for over 50 years, we've never had contamination from a drill, we've never had a drill stem leak or fail. We do it as well or better than anybody else in the word," protested Coleman.
The deputy premier made the comments in response to a scientific report that recommended a go-slow approach to fracking unconventional shale resources due to large science gaps, leaky wellbores and increasing climate liabilities.
"The minister's statements are ignorant," said Anthony Ingraffea, an engineering professor at Cornell University and the author of a new study on leaking oil and gas wells in Pennsylvania.
"The minister does not understand the vulnerability of the technology, nor the history of the industry and its valiant and long-lasting attempts to address well integrity," added Ingraffea.
"Leaky wells happen everywhere. It doesn't matter whether the wells are in British Columbia or Pennsylvania."
The process for drilling and cementing a well are basically the same around the world, he said, and "it is very difficult to adequately gasket a well with a material like cement."
According to a report by three University of Waterloo engineers, more than 10 per cent of B.C.'s existing 20,000 active and abandoned wells now leak. In addition, some of the province's shale gas wells have become "super emitters" of methane.
One energy company recently spent $8 million in northern B.C. to repair a badly leaking shale gas well.
"Wellbore leakage will likely only become worse with time as new wells are completed and old wells are abandoned," warned the Waterloo report.
In the last two years, University of Alberta geochemist Karlis Muehlenbachs has fingerprinted gases from hundreds of leaking shale gas wells in British Columbia. He said that many of the migrating gases, including methane, ethane and propane from Horn River wells, didn't necessarily come from the production zone.
The gas migration expert concluded in a 2013 presentation that "future regulations and baseline surveys should anticipate that potential contaminants to groundwater from hydraulic fracturing need not originate in the target shales, but rather from shallower and intermediate horizons."
Some regions are more prone to leaks "but no region is immune," said Muehlenbachs. "Much better cements and sealing techniques need to be developed and employed."
'Chronic and ubiquitous'
Leaking wells are "a chronic and ubiquitous problem and it's one the industry has had for 100 years," said Ingraffea in a Tyee interview.
Steel casings corrode and cement seals that are designed to keep methane moving up the wellbore into groundwater degrade overtime.
As a result, gas can stray from leaky wells through natural fractures as far as 14 kilometres underground before daylighting into basements, water wells, ponds, rivers and groundwater.
Ingraffea's most recent study found significant leakage problems with 41,000 wells drilled between 2000 and 2013 in Pennsylvania.
By analyzing 70,000 compliance reports, Ingraffea determined that unconventional shale gas wells leaked as much as 6.2 per cent. In one part of the state, violation rates (confirmed visible leakage of gas from the well site) reached 9.8 per cent.
Hazard modelling suggested the actual rate of failure might be as high as 12 per cent for the state's 6,000 multi-stage horizontal shale gas wells.
Conventional vertical wells didn't leak as much but were not inspected as frequently. In some cases there were no inspection records at all for 8,000 conventional wells, said Ingraffea.
The study also found a greater risk of failure rates in wells drilled after 2009, perhaps due to rushed drilling programs.
Oil and gas operations have polluted or reduced the flow of groundwater 209 times in 77 Pennsylvania communities since the end of 2007.
Last week, the state's auditor general reported that the Department of Environmental Protection had failed to properly regulate the industry and uphold the public interest.
More wells add to methane leakage
Hydraulic fracturing, a technology that blasts fluid, water and chemicals at tight rock formations to release small amounts of oil and gas over vast areas, aggravates the leaky well issue, Ingraffea said.
Only 6,000 horizontal wells have been drilled in Pennsylvania to date, but industry plans to drill another 90,000 in the years ahead. Given that the large Marcellus shale formation lies under several other northeastern states, as many as 500,000 horizontal wells could be drilled in the future.
Similar figures have been cited for Canada's Montney formation in Alberta and B.C., where industry could drill another 400,000 wells.
The density of wells required by fracturing, which barely captures between five and 10 per cent of the actual resource, will add to an already significant methane leakage problem in the industry, Ingraffea said.
The Cornell University engineer, who used to perform sponsored research and act as a consultant for Schlumberger, Exxon, BP and others, favours rigorous regulation of the fracking industry where oil and gas wells already exist.
Increased well density not only means more leaks but more industrial accidents in which companies frack into neighbouring wells operated by other companies. More than 20 so-called "interwell communication events" have occurred in B.C., but most are not reported to the regulator.
Given the vast literature on well leakage, Ingraffea can't understand why politicians such as Coleman deny such a well-documented liability.
"What I find surprising is that a politician is trying to convince the public otherwise."
Link: http://thetyee.ca/News/2014/08/02/Minister-Leaky-Well-Comments/
Sunday, August 3, 2014
Les commentaires du Ministre du Gaz sur les fuites sont ceux d'un ignorant, selon un scientifique
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment