Image d'un reportage RDI
Une journaliste d'une compagnie de télévision qui diffuse par satellite et sur l'Internet m'a demandée ce qui avait changé dans ma vie suite à l'apparition de porcheries industrielles dans mon voisinage. Après avoir mis un peu d'ordre dans mes idées, voici ce que je lui ai dit.
- J'ai perdu l'espoir: après 25 ans de militantisme pour nettoyer la rivière Richelieu, l'implantation d'une méga-porcherie de 5,800 bêtes en amont m'a fait perdre l'espoir de me baigner de nouveau sans craintes dans la rivière devant chez moi comme dans mon enfance.
- J'ai perdu des revenus: les taxes d'eau ne cessent d'augmenter, parce que l'eau de la rivière est de plus en plus sale, demandant de plus en plus de produits chimiques qui coûtent de plus en plus chers. En étant une personne dans la pré-retraite sur revenu fixe, j'ai moins d'argent disponible pour les autres dépenses.
- Perte d'une qualité de vie: certaines journées puent tellement que je ne peux pas aller dehors dans le jardin, mon passe-temps préféré. Pour des raisons économiques et environnementales, j'étends mon linge sur la corde également.
- Perte d'espèces: des espèces menacées vivent et se reproduisent dans la rivière devant chez moi. Je déplore que notre héritage collectif est en danger: la survie et la reproduction de nos espèces en danger sont éprouvées par les pesticides et les hormones. J'éprouve des sentiments de perte, d'échec.
- Gaspillage de taxes et d'impôts: les subventions qui vont aux récoltes GM et aux élevages intensifs devraient aller aux fermes biologiques. La nourriture bio est préférée par la majorité des consommateurs.
- Perte d'emplois pour nos jeunes: une ferme bio aurait fourni des emplois d'été pour nos jeunes (désherbage, plantation, ceuillette) tout en les rendant familier avec les processus de la vie. Les méga-porcheries ne sont pas conviviales et ne créent pas d'emploi.
- Perte de biodiversité: les méga-porcheries sont entourées de monocultures GM qui les nourissent et qui permettent de se débarasser du purin. Il s'ensuit une diminution d'espèces florales, d'abeilles, de papillons et d'oiseaux.
- Perte de qualité du paysage: partis sont les pâturages, les vergers, les fermes mixtes. Seulement des champs de maïs-grain et de soya GM à perte de vue. Partis sont les ruisseaux en méandres peuplés d'herbiers, de buissons et d'arbres. Seulement des fossés redressés, sans bandes riveraines, "nettoyés" à cause d'éboulements et de sédimentation.
- Les diarrhées sont toujours suspectes: est-ce l'eau? est-ce l'air? Et la grippe porcine?
- S'objecter aux méga-porcheries publiquement nous a fait des ennemis: des fermiers pensent que nous sommes contre les agriculteurs.
- Perte de nos sources de bois de chauffage: après avoir été une bonne cliente pendant 20 ans, les agriculteurs ont commencé par nous livrer du bois d'espèces de bois mou, vert. Le dernier voyage était arrosé de purin. Le chauffage au bois est économique au Québec, si on le compare à d'autres sources d'énergie. C'est une chaleur très confortable aussi.
- Sentiments d'impuissance, de révolte: malgré tous les arguments économiques, sociaux, environnementaux contre les méga-porcheries, les politiques provinciales continuent d'encourager ce genre de production "agricole".
- Acheter, c'est voter: nous n'achetons plus de produits Schneiders, Maple Leaf, Olymel, Lafleur, etc... Par contre, nous achetons du bio, local, du élevé autrement, et sommes membres d'ÉcoMarché.
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CHANGES in my life BROUGHT BY FACTORY PIG FARMS
- Loss of hope: after 25 years of lobbying for a cleaner river, having a 5,800 pig farm upriver made me lose hope that it could happen in my lifetime. I was hoping I could again safely swim in the river in front of my home like I did when I was a child.
- Loss of income: water taxes keep going up, because river water is getting dirtier, requiring more chemicals whose costs are rising. But as a retired person, I live on a fixed income, so more taxes to pay means I have less money to spend on other things.
- Loss of quality of life: some days smell is so bad, I can't go outside to work in the garden, my favorite pass-time. Also, for economical and environmental reasons, I hang my laundry on a clothesline.
- Loss of species: endangered species live and reproduce in the river in front of my home. I feel our legacy to future generations is in jeopardy. Endangered species' survival and reproduction is under pressure from pesticides and hormones, and I feel loss, failure.
- Waste of taxpayer's money: subsidies to GM crops and factory farming should go to organic farming: that's what the consumer wants.
- Loss of summer jobs for our youth: an organic farm would have given our youth summer jobs (weeding, planting, picking) while putting them in touch with natural processes. Instead, factory farms are off limits and don't create jobs.
- Loss of biodiversity: GM mono-cultures surround and feed factory farms and receive their slurry. Ensues loss of species of flowering plants, butterflies, bees, birds and forests.
- Loss of scenery, loss of people-friendly countryside: no more grazing fields, orchards, crop variety. Only GM corn and soy as far as the eye can see. No more meandering brooks and streams: all straight ditches with no banks, no bushes, no trees.
- Those diarrheas: is it the water? the air? What about swine flu?
- Made enemies: some farmers think we are against farmers for speaking out against factory farming.
- Loss of source of firewood: after heating with wood for 20 years, farmers started selling us green softwood, then final shipment came covered with pig slurry. Wood is the cheapest way to heat a home in Quebec and is the most comfortable.
- Feelings of helplessness, revolt: despite all the financial, social and environmental arguments against factory farms, our provincial government insists on promoting this kind of food production.
- We vote by choosing what we buy: no more Schneiders, Maple Leaf, Olymel, Lafleur, etc... We do buy organic, local, and are members of ÉcoMarché.
Tuesday, February 2, 2010
Comment une porcherie a changé notre vie
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Plus de 4 ans plus tard, le choc de voir que les lois et règlements de mon pays permettent une telle usine à viande et à purin de s'installer auprès d'une rivière qui peine à survivre déjà n'est toujours pas assumé. À chaque fois que je passe devant les installations de la Ferme Notre-Dame SENC, des frissons dans le cou m'hérissent les poils. Je ne pardonnerai jamais ceux qui ont permis cette horreur de se réaliser!
ReplyDeletec vrais mon frere
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