Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Thursday, April 11, 2013

Le Québec, ce grand pauvre idiot.

Photo : Jean-François Leblanc - Le Devoir

"Il est toujours intéressant de retrouver les mêmes images utilisées par des rédacteurs dont les positions idéologiques sont distantes. Ainsi, les articles de Michael Binnion, paru dans La Presse, et celui de Jacques Noël, paru sur le site de Vigile.net sont taillés dans la même étoffe. Tous les deux, pour des raisons différentes, l’une strictement commerciale et l’autre foncièrement nationaliste, prônent l’exploitation du pétrole et du gaz au Québec. Selon ces messieurs, ne pas exploiter ces ressources équivaut à se faire crosser ou à devenir les BS du Canada. Autrement dit, réfléchissons le moins possible et lançons-nous dans une exploitation coûteuse, risquée et sans être sûrs que les bénéfices seront au rendez-vous.

On connaît tous la loi de l’offre et de la demande : quand l’offre dépasse la demande, les prix baissent. Les États-Unis sont à la veille d’être autosuffisants, grâce à de nouveaux gisements découverts dans le golfe du Nouveau Mexique et dans le Nord-Ouest sous la forme de pétrole de schiste. Ces gisements sont plus importants que ceux de l’Arabie Saoudite, il y a de quoi rêver! MAIS, il y a plusieurs hics.

Premièrement, les gisements non traditionnels (soit ceux sous la mer ou dans la roche mère) ne sont pas aussi rentables que ceux d’autrefois, parce qu’il est plus difficile d’aller les exploiter et qu’on ne réussit qu’à extraire une infime partie de pétrole ou de gaz. Donc, ce n’est pas l’Arabie Saoudite, ce n’est pas non plus le même type d’exploitation. William  C. Ramsay, directeur exécutif adjoint à l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) de 1999 à 2008,  nous apprend  que «le problème reste que l’on ne peut exploiter seulement 4 à 5%  du contenu, car nous extrayons uniquement le pétrole sous  forme d'huile dans la roche et non sous forme de kérogène.» Le reste finira inévitablement par se déverser ou se diffuser dans la terre, la mer ou l’air, parce qu’il n’existe aucun bouchon suffisamment efficace pour empêcher ces matières toxiques de migrer avec le temps. Il y aura pollution, ce n’est pas une spéculation, c’est un fait. Cela prendra peut-être un siècle à se produire, mais ça arrivera.

Deuxièmement, les agents économiques en place vont faire concurrence. Si l’Alberta n’arrive plus à écouler son pétrole de manière rentable aux États-Unis, elle cherchera d’autres marchés. Si le marché du Sud est autosuffisant et que celui de l’Ouest est en surproduction, qu’arrivera-t-il quand nous serons prêts à mettre notre produit en marché? Le Québec n’a pas d’infrastructures, pas d’expertise dans le domaine pétrolier et il veut battre les Américains et les Albertains sur leur terrain? Bien voyons. Et le gouvernement fédéral n’y verrait pas l’occasion d’intervenir? Un peu de péréquation ne serait pas un gros sacrifice, si cela permet à l’Alberta d’écouler sa production. D’ailleurs, le scénario de Binnion est loufoque : proposer de couper la péréquation pour se constituer à l’Est un compétiteur, cela n’a aucune logique sur le plan stratégique pour le Canada.

Troisièmement, si nous exploitons nous aussi et que nous en arrivons à de la surproduction à l’échelle continentale, va-t-on financer l’extraction du pétrole comme on le fait pour l’électricité (à cause de la mauvaise planification faite par Hydro-Québec)? C’est tout à fait possible si le gouvernement prend des parts dans les compagnies. S’il ne le fait pas, les entreprises crèveront de cette «saine» compétition, laisseront des puits à moitié frackés et des gens sur le chômage, encore.

En ce sens, Monsieur Noël a raison, le dossier énergétique au Québec est fou raide, pour reprendre son expression. Ce qu’il faut, au lieu de se lancer à l’aveuglette dans l’extraction et l’exploitation, c’est de faire un bilan de nos forces et nos faiblesses énergétiques et d’en arriver à un plan concerté. Nous avons trop d’électricité, mais si nous électrifions les transports en commun, l’opération pourrait s’avérer rentable et diminuer nos besoins en pétrole. Arrêtons de pourfendre les écologistes, de nous comparer à de pauvres diables vivant de l’aide sociale (faut-il être triste sire, riche et méprisant, pour utiliser ce genre d’images, surtout ces derniers mois, alors que l’on maltraite au Canada et au Québec les gens qui ont le malheur de perdre leur emploi ou de ne pas réussir à en trouver) et réfléchissons. Pensons à un plan cohérent, nous en sommes capables, nous ne sommes pas les idiots que l’on se plaît à nous décrire."


Marie-Ève Mathieu, présidente du comité de mobilisation gaz de schiste de la Vallées des Patriotes et membre du RIGVSL.

Such a poor old fool, Quebec is...

It's always interesting to find the same expressions used by writers whose ideological positions are quite apart from each other. Indeed, articles written by Michael Binnion, published in La Presse newspaper, and those of Jacques Noël, posted on Vigile.net, share pretty much the same values. Both, for different reasons, one strictly for commercial reasons and the other plainly nationalist, promote oil and gas exploitation in Quebec. For them, not to exploit these resources is equivalent to being screwed or become welfare recipients from Canada. In other words, let's think as little as possible and launch ourselves in a costly exploitation, risky and without being sure if the benefits exist.

We all know about the supply and demand principle: when supply is more than demand, the prices go down. The US is almost self-sufficient thanks to the new resources discovered in the Gulf of New Mexico and the Northwest in shale oil. These deposits could be more abundant than Saudi Arabia: something to think about! BUT, there are a few ifs.

First of all, these non conventional deposits (those under the sea and in solid rock) are not as economically viable as the old fashioned ones, because it's harder to extract them and only a very small portion of oil and gas deposits can be extracted. So it's not really Saudi Arabia, and it's not the same kind of exploitation either. William C. Ramsay, assistant executive director of the International Energy Agency (IEA) from 1999 to 2008, says that "the problem is still that we can only extract from 4% to 5% of the resource, because we only take the oil in it's oily state, not the kerogen." The rest of it will eventually spill or diffuse itself in the soil, the ocean or in the air, because the plug efficient enough to stop these toxic matters from migrating on the long term doesn't exist." There will be pollution, that is not speculation, it's a fact. It could take a century to happen, but it will eventually happen.

Second of all, the actual economical agents will compete between themselves. If Alberta can't manage to sell it's oil with a profit to the US, it will try to reach other markets. If the southern market is self-sufficient and the West one is in over-production, what will happen when we will be ready to put our product on the market? Quebec has no infrastructures, no expertise in the oil industry and it wants to beat the Americans and the Albertans on their own turf? Come on! And the federal government won't see a reason to meddle? A bit of equalization payments would not be a big sacrifice, if that would let Alberta sell out it's production. Anyway, Binnion's scenario is a bit zany: to propose cutting equalization payments to establish an easterly competitor, that is an illogical strategic plan for Canada.

Third, if we also go ahead and exploit and we join the over-production on the continental market, will we finance oil extraction like it's done for electricity (because of Hydro-Quebec's faulty planning)? It's very possible if the government buys shares in the companies. If it doesn't, the companies will fail because of this "healthy" competition, will leave wells half fracked and people in unemployment lines, again.

In this, Mr Noël is right: the Quebec energy file is downright crazy, to use his own words. What is needed, instead of blindly forging ahead to extract and exploit, is to assess our energy strengths and weaknesses and establish a concerted plan. We have an electricity surplus, but if we electrify our public transit, the operation could be profitable while diminishing our oil consumption. Let's stop slashing the environmentalists, stop comparing ourselves to poor souls living off social security (one has to be a very disreputable character, rich and contemptuous to use such words, especially in the last few months, when people of Canada and Quebec have the bad luck to loose their job or can't find one, and are such badly treated because of it, and stop and think a bit. Let's think about a coherent plan, we can do it; we are not the idiots they would like us to believe we are.

Signed: Marie-Ève Mathieu, President of the comité de mobilisation gaz de schiste de la Vallées des Patriotes and member of the RIGVSL.

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