Photo : Yan Doublet - Archives Le Devoir Un puits de gaz de schiste appartenant à la compagnie albertaine Talisman Puits Gaziers, situé à Saint-Édouard-de-LotbinièreReportage publié dans Le Devoir du 31 janvier 2014 | Alexandre Shields |
Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/398744/des-risques-a-la-sante-publique-biens-reels-previent-l-inspq
L’exploration et l’exploitation du gaz de schiste posent des risques bien réels de contamination des eaux souterraines et d’aggravation de la pollution de l’air, en plus de nuire à la qualité de vie des populations qui vivent près des sites où s’implante l’industrie. C’est ce qui se dégage d’une mise à jour d’une étude produite par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Cet « État des connaissances sur la relation entre les activités liées au gaz de schiste et la santé publique » est daté de septembre 2013, mais a seulement été mis récemment en ligne sur le site de l’INSPQ. Ce nouveau rapport se veut une actualisation d’une étude qui concluait, en 2010, qu’il existait d’importantes lacunes en matière d’information quant aux impacts sur la pollution atmosphérique, la contamination de l’eau, la santé et les milieux de vie.
Nombre de ces zones grises demeurent, indique le nouveau document de 90 pages. Mais plusieurs risques se sont précisés depuis trois ans, notamment en raison des études produites dans la foulée du boom gazier aux États-Unis.
Contamination des eaux
En se basant sur les conclusions de 18 nouveaux documents, l’INSPQ conclut ainsi que « les possibilités de contamination des eaux souterraines sont réelles ». L’institut souligne que de telles contaminations ont notamment été provoquées lors de défaillances au moment de la fracturation hydraulique ou lors de l’extraction du gaz. « Il a été démontré que des problèmes d’étanchéité des coffrages des puits d’extraction étaient à l’origine de cas de contamination survenus dans des conditions normales d’opération », écrivent aussi les auteurs de l’étude. Au Québec, 19 sur 31 puits forés ont présenté des échappements « incontrôlés » de méthane, soit 61 % des puits.
L’INSPQ évoque aussi une « hypothèse controversée » qui « suggère la migration accélérée des contaminants contenus dans la roche-mère vers la surface à travers des failles ou fissures causées ou accentuées par la fracturation hydraulique ». Si cette hypothèse était confirmée, ajoute-t-on, « le risque de contamination des nappes phréatiques persisterait même si des solutions techniques définitives étaient apportées aux problèmes d’étanchéité ».
Pollution de l’air
Le rapport précise que des mesures effectuées depuis trois ans près des sites d’exploitation gazière « permettent de prévoir des augmentations locales des concentrations de certains polluants de l’air ». C’est le cas des particules fines, mais aussi de composés organiques volatils (qui sont des gaz à effet de serre). Or, « très peu d’études » ont été produites pour évaluer les risques pour la santé humaine de ces polluants émis par l’industrie gazière. Et pour documenter les risques « de façon cohérente », il importerait de tenir compte des effets à plus long terme de l’émission de gaz à effet de serre.
« Les activités reliées à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste sont susceptibles de causer des impacts sur la qualité de vie et la santé sociale et psychologique », prévient par ailleurs l’INSPQ. De nouveaux documents produits depuis 2010 confirment donc les craintes déjà évoquées à l’époque. L’augmentation de la circulation, le bruit, « la luminosité intense » et les vibrations causées l’industrie « occasionnent des nuisances pour la population avoisinante ». S’ajoutent à cela les conséquences des booms vécus par les communautés où s’installent les gazières.
Il est cependant difficile d’évaluer le potentiel d’exposition des populations aux produits chimiques utilisés dans les liquides de fracturation. Les informations concernant la nature, les quantités, les procédures de manipulation et le transport de ces substances « demeurent encore incomplètes ».
L’INSPQ constate en outre qu’il n’existe pas de répertoire officiel sur les accidents aux États-Unis ou au Canada, ce qui rend leur étude et la détermination des causes de ces accidents laborieuse. Le rapport fait état de plus de 825 incidents environnementaux différents.
Le rapport de l’Institut se retrouve sur le site du gouvernement du Québec consacré à l’évaluation environnementale stratégique (EES) du gaz de schiste. Ce processus d’évaluation avait été lancé par les libéraux. Le comité devait normalement publier son rapport en janvier. Ce n’était toujours pas le cas jeudi. Le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, doit ensuite mandater le Bureau d’audiences publiques pour étudier le controversé dossier.
Un rapport produit par le ministère de l’Environnement dans le cadre de l’EES indique qu’en cas de feu vert à l’industrie, entre 1000 et 9000 puits de gaz de schiste pourraient être forés sur une période de 10 à 20 ans. Cela signifie un rythme annuel de 349 à 2101.
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This is my English translation of an article published in the Newspaper Le Devoir following the public access to a September 2013 report.
Shale gas can be risky for public health says report
Exploring and extracting shale gas is really risky and can contaminate groundwater and worsen air pollution, while harming the quality of life of residents that live near sites where industry becomes established. That is what comes out of an update of a study done by the Quebec National Institute for Public Health (INSPQ).
This "state of knowledge on the relationship between activities tied with shale gas and public health" is dated September 2013 but has just been put on line on the INSPQ website. This recent study aims to update a study that concluded in 2010 that there was important gaps in the information available about impacts on air pollution, water contamination, health and our living environment.
There are still some gaps in the information available says this recent 90 page document. But many dangers have surfaced in more details since the past 3 years, notably because of reports that came out because of the gas boom in the US.
Water contamination
Based on conclusions that came out of 18 recent documents, the INSPQ comes to the conclusion that "the possibilities of contamination of groundwater is very real". The Institute points out that such contamination have been provoked, among other things, during failures while fracking or when extracting gas. "It has been demonstrated that sealing problems with casings in the extraction wells were the source of contamination cases that happened during normal operation conditions", add the authors of the study. In Quebec, 19 out of the 31 wells that have been drilled have "uncontrolled" methane leaks: that is 61% of the wells.
The INSPQ also mentions a "controversial hypothesis" that "suggests accelerated migration of contaminants coming from geological formations towards the surface through faults or fissures caused or made more pronounced by fracking". This hypothesis was confirmed, they say, "the risk of groundwater contamination persists even if definitive technical solutions would be brought to the leaking problems".
Air pollution
The study says that measures brought on since the past 3 years near gas extraction sites "let us forecast local increases of certain air pollutants concentrations". That is true for fine particles, and also volatile organic compounds (that are greenhouse gases). Yet "very few studies" have been done to estimate the risks for public health brought on by these pollutants generated by the gas industry. And to document these risks "in a coherent way", it would be important to take into account the long term effects of greenhouse gases emissions.
"Activities linked to the exploration and exploitation of shale gas are susceptible of bringing on impacts to the quality of life, the social and psychological health also", warns the INSPQ. Recent documents published since 2010 then confirm some fears that had been brought up at the time. The increase of (traffic) circulation, the noise, "intense illumination" and vibrations caused by the industry "cause nuisance to the neighboring population". To that one must add the consequences of the booms happening in the communities where the gas industry settles in.
However, it is difficult to evaluate the potential exposition of the population to the chemicals used in the fracking fluids. The information about their nature, the quantity used, manipulation procedures and the transportation of these substances "still remain incomplete".
The INSPQ observes that there is no official registry of accidents that happened in the US or in Canada, which makes it more difficult to do this study and determining the causes of these accidents. The report mentions more than 825 different environmental incidents
The Institute's report can be found on the Quebec government site dedicated to the Strategic Environmental Assessment (EES) on shale gas. This evaluation process had been launched by the Liberal Party. The committee would have normally published it's report in January. As of Thursday, it still was not published. The Environment Minister Yves-François Blanchet should then give the mandate to the provincial environmental public hearings body (BAPE) to study this controversial file.
A report published by the Environment Ministry within the EES framework indicates that if the green light is given to the industry, between 1,000 and 9,000 shale gas wells could be drilled during a period going from 10 to 20 years. This would give an annual average of between 349 and 2101.